Là où le coeur attend

13 septembre 2023

Par René Racette (117e cours)

À qui?
À quoi sert d’écrire?

Il aura fallu plus d’une soixantaine d’années de ma vie pour réaliser que, sans l’écriture, je n’aurais pas su Qui je suis réellement. À quel point d’autres personnes sont précieuses. Et quelles sont mes valeurs de vie.

L’éveil s’est produit à partir de 2008. Quelque 18 élèves dont j’étais de la cohorte 1960-1968 ont participé à un chantier d’écriture organisé dans le cadre de notre conventum du 117e cours classique du Séminaire de Joliette.

Cela nous a donné l’occasion d’exprimer librement nos pensées sur ce qui tout simplement nous rattachait à la vie, d’un ouvrage de cœur et de raisons.

Un recueil a alors vu le jour : Les Récits d’un voyage collectif.

Et puis deux autres réunions de conventum ont suivi en 2013 et 2018 avec nos visages qui avaient pris de l’âge, nos joies de retrouvailles teintées de tristesse du fait de quelques décès survenus dans notre groupe.

À l’occasion de la visite des lieux de l’Académie Antoine Manseau le 12 octobre 2018, je me souviens d’avoir rédigé un texte « Le temps n’est rien » qui allait changer le cours des choses.

Sans que j’en prenne conscience à ce moment, ce texte me donnait un ordre moral de marche avant. Avant que tout s’embrouille de ce qui avait été vécu, que tout se perde dans mes pensées.

Cette introspection a porté fruit en 2019 d’un premier recueil d’envergure intitulé : J’ai quitté mon île.

J’y ai revisité chacun des 14 ports à l’horizon de ma jeunesse, de mes huit années collégiales et de mes années subséquentes d’adulte.

L’élan était donné. J’ai rédigé par après des textes pour plus d’une trentaine de recueils en adoptant une rhétorique et un ton bien personnels sous plusieurs des thèmes qui me tiennent toujours à cœur.

En prenant pour inspiration de la poésie, de la littérature. En touchant l’univers de la musique, de la peinture, de l’histoire, du cinéma et de la photographie. En me rapprochant de la nature et en faisant route de nos découvertes de voyages.

En allant même jusqu’à la confection d’un recueil intime « En ce printemps inconsolable On m’a parlé de vous ».

En puisant dans les avis de décès de personnes âgées disparues pendant la pandémie pour leur rendre un hommage de mémoire.

Ces recueils d’écriture constituent un petit héritage littéraire que j’ai voulu léguer à mes enfants et petits-enfants s’ils ont un jour l’envie de me connaître davantage par mes écrits.

Ils sont aussi dédiés à ces autres personnes amies qui me lisent régulièrement à chaque sortie de mes recueils que je prends plaisir à leur faire parvenir.

Au-delà de mon parcours atypique, l’écriture s’avère, pour nous tous et toutes, une voie privilégiée de passage pour que nos pensées se rendent auprès des autres.

Une voie de passage spécifique à notre personnalité de plume. Aux mots et à ces images que nous utilisons.

À notre façon unique d’exprimer ce que nous ressentons.

Là où nous avons fait des découvertes et des rencontres. Là où se situent notre énergie créatrice, nos repères, nos défaillances et nos points d’eau.

Et dans tout cela, le journal étudiant Le Nouvel-AS a été un révélateur en faisant paraître un à un Les Récits d’un voyage collectif au cours de ses éditions des années 2010 et suivantes.

En publiant également plusieurs des textes que j’ai soumis à son équipe éditoriale au cours des dernières années.

À chaque édition du journal, les textes et témoignages qu’on y retrouve ne restent pas sans effet, sans valeur.

Ils continuent d’exister pour ceux et celles qui écrivent. Pour ceux et celles qui les lisent dans le temps.

À qui? À quoi sert d’écrire?
L’écriture donne un sens à la vie.

On écrit pour se rendre là où le cœur attend.