Quand nos souvenirs ont le dessus sur l’oubli
27 novembre 2024
Par René Racette (117e cours)
On ne peut s’y soustraire. Au passage du temps, notre fière cohorte du 117e cours classique, qui a prévalu de 1960 à 1968 au Séminaire de Joliette, se décime inexorablement.
Quand j’ai vu apparaître récemment sur sa notice nécrologique les traits de notre confrère Pierre Pouliot, tel qu’il était dans notre album des finissants de l’époque, de nombreux souvenirs ont surgi en provenance de notre passé.
Je suis allé au salon funéraire parmi ses proches pour leur offrir mes sympathies. Entre autres, à Louise et Lise, ses deux sœurs jumelles, qui m’ont accueilli sans savoir qui j’étais dans l’histoire de Pierre.
Qui m’ont appris sans entrer dans les détails que Pierre souffrait d’Alzheimer, cette pathologie irréversible qui détériore la fonction cognitive et la mémoire.
Le temps de quelques minutes, j’ai relaté pour eux quelques souvenirs de l’être humain lumineux qu’il était. J’ai ressenti dans leurs yeux, dans leurs mots, toute leur gratitude.
Je sais pertinemment que plusieurs de mes consœurs et confrères pourraient partager des passages de cette période effervescente que nous avons vécue avec lui.
Comme l’a d’ailleurs fait l’un des nôtres, Jacques Allard, dans un message touchant qu’il nous a adressé récemment.
Et puis enfin ce témoignage fort précieux que je viens de recevoir sous la plume de notre confrère Jean-Pierre Malo dont je reproduis quelques lignes :
« J’ai connu Pierre à la fin du primaire […] il était mon ami et me donnait souvent des glands de leurs nombreux chênes à gros fruits derrière leur maison qui existe encore. Pierre était un gars fait fort très ouvert à tout ce qui bouge dans la nature en tant que jeune naturaliste, mouvement animé par le frère Gagnon de l’école Fayard. […] Au Séminaire, on s’est perdu de vue, lui en sciences et très intelligent avec ses critiques philosophiques et moi en lettres et dans le sport.
Heureusement, on a renoué ensemble à la retraite quand il est venu me donner un gros coup de main à faire les « Sucres à mon érablière de Saint-Jean-de-Matha dont la belle eau d’érable sert encore à produire un merveilleux élixir tout à fait particulier.
L’âme de Pierre avec ses conseils scientifiques sur le système de production sans compter ses randonnées en forêt pour vérifier la pression des tubulures plane encore au-dessus de ces majestés plus que centenaires que sont les érables à sucre de la famille Lessard du même lieu, du côté de ma mère. […]
Que Dieu ait cette âme d’un maudit bon gars! »
C’est là je pense bien que notre mémoire à plusieurs révèle toute sa valeur. Quand nos souvenirs à relais ont le dessus sur l’oubli.